Dans notre société actuelle de plus en plus complexe, nous sommes tous à la recherche de simplifications pour nous faciliter la vie, à la maison, au travail ou même dans nos loisirs. Nous voulons tous croire qu’en réponse à la complexification de notre environnement, une approche normée et systématique est facteur de simplification donc de qualité de vie. Pourtant dans le métier de vigneron, c’est l’approche empirique, basée sur l’observation de chaque environnement, et l’adoption d’une réponse adaptée et dénuée de dogme qui nous permet d’atteindre les sommets.
Il est commun de parler d’approche par terroir ou par cépage. Chez nous, voici quelques exemples de comment nous gérons nos vignes en fonction de leur terroir et leur cépage. A l’intérieur d’une même parcelle, l’observation nous permet de distinguer les différents types de terroirs qui peuvent s’y trouver et les analyser séparément pour en comprendre les caractéristiques. Cela nous a conduits en outre à avoir différents porte-greffes sur une même parcelle, afin de choisir les plus adaptés à chaque zone. De même, le mode de conduite que nous avions adopté systématiquement (Cordon de Royat), est maintenant concurrencé par le gobelet (pour le Grenache et le Mourvèdre) ou la Guyot (pour le Viognier) plus adaptés aux ports de chaque cépage et à leur mode de mise à fruit. Notre gestion de l’enherbement dépend du type de sol, de sa richesse et de sa capacité hydrique. Nous gérons actuellement des parcelles semées, alors que d’autres sont en enherbement naturel ou en labour intégral.
L’étape suivante est vraiment de parler du cep de vigne dans la recherche de l’équilibre de la plante qui se traduira plus tard dans l’équilibre du raisin. Nous sommes allés plus loin dans notre approche « gérée par l’observation. » Nous adaptons le coup de sécateur à la vigueur de chaque pied en fonction de l’observation de la pousse de l’année. L’ébourgeonnage de printemps, dans la continuité de la taille, ajuste le nombre de pousse en fonction de la vigueur du débourrement, pour que chaque pampre ait la force de se développer pleinement. Plus tard, la maitrise de la charge se fait pied par pied en fonction de la hauteur et densité du panneau foliaire (de la feuille) qui nourrit les fruits.
Puis les maladies du bois nous ont amené à inspecter chaque cep au mois de juillet afin d’identifier ceux ayant besoin de traitement (voir article du 1er avril 2016 « Fendre la souche » sur notre blog) pour pouvoir les sauver et leur permettre de vieillir en bonne santé. En fin d’été nous parcourons chaque rangée de vigne pour identifier les pieds ayant été infectés par des viroses afin de les éliminer et prévenir la propagation de la maladie.
Nous sommes persuadés que plus nous personnalisons notre approche, plus chaque plante se développera dans un environnement lui correspondant, moins elle aura besoin d’aide pour lutter contre les agressions extérieures. Dans le prolongement de l’agriculture biologique que nous avons adopté il y a maintenant plus de 10 ans, cette approche favorisera la création d’un écosystème vertueux. Tout ceci afin de garder un vignoble sain, équilibré et fructueux le plus longtemps possible, les vieilles vignes étant toujours celles nous donnant les plus beaux jus. Ce travail d’observation et d’adaptation extrême permet non seulement de meilleurs résultats mais rend le travail de tous les jours beaucoup plus intéressant pour les vignerons.
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