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novembre 12th, 2021

Le millésime 2021


« Les arbres ne montent pas au ciel » dit le proverbe paysan et après plusieurs millésimes favorables et faciles à vinifier, cette belle série prend fin.

2021 fut un challenge de bout en bout, et si nous ne nous en sortons pas si mal c’est grâce à l’investissement et l’énergie déployés par nos équipes que je remercie infiniment.

En plein environnement COVID, toute l’année s’est déroulée sous la menace de ne pas avoir suffisamment de ressources humaines pour faire le travail en temps et en heure. La difficulté de réunir suffisamment de tailleurs s’est finalement révélée être une bénédiction car les vignes taillées tard (trop tard) n’avaient pas encore débourré le 8 avril.

Au petit matin de ce jour-là, le thermomètre affichait -3°C, alors que l’essentiel du vignoble arborait des pousses déjà bien développées. Les dégâts furent terribles sur les parcelles à plat, jusqu’à 100% des bourgeons détruits, mais heureusement limités voire nuls sur les coteaux en pente. Pour la première fois depuis mon arrivée sur le domaine (1962), le gel allait avoir un impact significatif sur la quantité de récolte. Nous n’étions malheureusement pas seuls dans ce cas et c’est une très grande partie du vignoble Français qui fut affecté cette nuit-là.

S’en est suivi un printemps et un été sec aux températures modérées, permettant d’éviter la pression parasitaire que subissaient les vignobles plus au nord, victimes d’un été particulièrement pluvieux. La maturité s’annonçait donc plutôt tardive, mais aussi hétérogène car après la destruction des bourgeons primaires par le gel, les repousses pouvaient porter des grappes ayant un retard de 4 à 5 semaines sur celles épargnées. La détermination de la maturité idéale et donc des dates de récolte fut un casse-tête permanent.

Nous avons débuté la récolte des blancs la dernière semaine d’août, constatant de très petits rendements mais avec de très beaux équilibres, et notamment des acidités largement supérieures à la moyenne. Nous choisissons cette année de laisser faire la fermentation malolactique* sur quelques futs de blancs, et je suis persuadé que 2021 sera une grande année à blanc.

Nous avons continué début septembre avec les Syrahs et les premiers Grenaches en rosé, eux aussi avec de très belles acidités et un tel potentiel couleur qu’il était pratiquement impossible de faire du rosé avec de la Syrah tant les jus étaient colorés dès l’arrivée de la benne.

Puis le 14 septembre nous subissons un fort épisode cévenol déposant 180 mm de pluie en quelques heures sur notre terroir de Caissargues. Les vendanges durent être interrompues car le raisin s’était gorgé d’eau, les chemins d’accès aux parcelles défoncés, et la portance des sols insuffisantes pour nos tracteurs. Il fallait donc attendre, observer et décider, car si le raisin se ressuyait avec le temps, son état sanitaire se dégradait. Privilégiant l’intégrité du raisin à la maturité absolue, nous avons rentré des raisins à un niveau de maturité moins poussé que d’habitude (moins de sucre donc moins d’alcool) et avons allégé nos protocoles d’extraction pour ne pas tirer trop sur les tanins.

Toujours sous marcs, les rouges de cette année arborent de belles couleurs sombres et intenses, des fruits très frais avec beaucoup de finesse. La maitrise de l’assemblage et de l’élevage sera déterminante pour exprimer la quintessence d’un millésime qui sera je crois très apprécié par son coté accessible, son alcool plus modéré, et sa belle fraicheur.

 

* Fermentation malolactique – en transformant l’acide malique en acide lactique, cette fermentation adoucit les vins, leur donne de la texture et du corps, et complexifie l’aromatique du vin.

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