Un voyage au cœur de l’histoire géologique de notre appellation
En 2012, j’ai eu le plaisir de présenter l’appellation à James Molesworth, journaliste et dégustateur pour le magazine Wine Spectator, et de lui montrer les différents terroirs en Costières de Nîmes. A cette époque, j’avais écrit un article au sujet des terroirs et en distinguais deux principaux. Aujourd’hui, grâce aux recherches que j’ai menées pour comprendre le terroir et l’exprimer au mieux dans les vins, je souhaiterais revenir sur cette première réflexion.
Sur le flanc Nord de l’appellation, deux de nos plus jeunes terroirs datant du Quaternaire (1 million d’années) sont constitués de galets roulés de la Vallée du Rhône.
– Le premier terroir de galets roulés repose sur de l’argile rouge riche en fer. C’est un terroir chaud et précoce, très drainant en surface et captant, grâce aux galets roulés, la chaleur de la radiation solaire. La couche d’argile ferrique profonde stocke l’eau ce qui va permettre à la vigne de supporter des étés chauds et secs et d’être alimentée en minéraux. Cela donne des vins rouges puissants aux arômes de fruits rouges très mûrs, d’épices douces et de garrigue. La maturité complète des tanins assure une belle longévité aux cuvées.
– Le second terroir est composé de ces mêmes couches géologiques mais elles sont recouvertes d’une fine couche blanche de loess, sédiments éoliens provenant de l’érosion du Massif Central par les glaciers. Ce terroir est très adapté aux cépages blancs mais il donne aussi de superbes résultats sur la Syrah. Il assure une régularité hydrique exceptionnelle et une fraîcheur très intéressante à nos vins.
Nos vignobles situés sur le flanc Sud de l’appellation, face aux étangs de la Camargue, sont sur ce que les géologues appellent « la flexure de Vauvert ». Les mouvements tectoniques ont fait remonter les anciennes couches sédimentaires, datant de 23 millions d’années. Le point commun entre les trois types de terroir que nous avons identifiés ici est la composition en « millefeuille » qui alterne des litages de craie (texture farineuse très calcaire provenant des squelettes de micro-organismes marins) et des « safres » (sables de teinte jaune).
– Sur les parcelles dont l’élévation est plus importante, ce « millefeuille » de craie et de sables est recouvert d’une couche de « cailloutis » Duranciens (sur une profondeur de 60 cm), de composition très variée, puis d’une couche d’argile rouge très sableuse. Ici, le vignoble se satisfait de peu d’eau ce qui donne des rouges tendus et racés, aux arômes de fruits rouges frais avec de très belles concentrations.
– Dans les vignobles situés un peu plus bas, notre « millefeuille » de craie et de sables est positionné davantage à la surface. Cette dernière est couverte d’une couche de limon, de texture très variable, allant du plus sableux au plus argileux. A la fois drainant, tout en préservant d’importantes réserves hydriques pour la vigne, ce terroir révèle une richesse minérale exceptionnelle. La présence de calcaire confère à ces sols un pH très élevé (8 – 8.4) donnant des vins avec beaucoup de fraîcheur, de dynamisme et une certaine salinité en fin de bouche.
– Sur la partie la moins élevée, il n’y a qu’un lit d’argile sableux qui couvre les litages de craie et des «safres». Plus riche, mais aussi plus calcaire, nous avons choisi ce terroir pour y planter nos blancs. Surprenant de minéralité et de fraîcheur, il vient ici renforcer l’effet du microclimat maritime et donne à nos cépages Rhodaniens une véritable originalité.
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