J’ai eu le plaisir de montrer à James Molesworth du Wine Spectator, nos différents terroirs en lui faisant faire le tour de l’appellation Costières de Nîmes en novembre dernier. Il m’avait en effet suggéré que cela pouvait intéresser un public plus large que les « wine geek », donc nous y voilà…
L’AOC Costières de Nîmes est le vignoble le plus au sud de la Vallée du Rhône, situé à une altitude relativement basse. Nos plateaux et nos collines sont bordés par le Petit Rhône d’un côté et s’étendent 45 km plus loin jusqu’à la Camargue, au niveau de la mer.
Notre terroir est le résultat d’une poussée des crêtes de l’écorce terrestre soumises à la pression des sédiments provenant de l’ère tertiaire et conséquence du réchauffement climatique et de la fonte des glaciers. Cette fonte des glaces à creuser le sillon des ancêtres du Rhône et de la Durance, drainant dans leur flux puissants, rochers, graviers, limon et galets qui font la spécificité de nos sols aujourd’hui.
Quel chemin parcouru par cette nature en mouvement ! Les plus gros rochers écoulés ont façonné les contours du paysage tandis que les plus petits, les plus érodés ont été transportés et plus tard déposés sur les rives du Rhône et de la Durance.
Les galets roulés si spécifiques aux terroirs de Châteauneuf du Pape et des Costières de Nîmes sont essentiellement siliceux (sédimentaires de silice) mais ne sont pas les seuls à avoir été emportés par les flots des deux fleuves. Les couches de granites et de calcaires ont aussi supportées l’érosion due à ce phénomène. Ceux qui restent aujourd’hui sont des pierres polies parfois chahutées par les vents. Ce dépôt a pris plusieurs millions d’années à s’accumuler.
Nous pouvons identifier les plus vieux rochers (ou galets) sous une couche de loess (roche sédimentaire apportées par le vent) reconnaissables par leur aspect rugueux. Ils sont le résultat d’une transition d’une percolation du calcaire par la pluie. Les plus jeunes pierres provenant du Rhône conservent encore leur aspect patiné.
Au contraire, les pierres de la Durance sont complètement différentes. On peut les trouver au sud de Saint Gilles où la Durance rejoignait le Rhône. Elles sont appelées variolites et se distinguent en raison de leurs petits trous et petites crevasses que l’on peut voir en surface. La photo ci-dessus montre le terroir au sud des Costières. On peut également noter que ces pierres et ces rochers ont des formes et des tailles inégales.
Quelles sont donc les différences pour nos vignes ? Au nord du terroir des Costières des Nîmes, la couche en surface, épaisse de plusieurs mètres faite de grosses pierres, emmagasine la chaleur du soleil la journée et la restitue durant la nuit comme à Châteauneuf du Pape. Cela donne des vins riches, puissants et ronds.
Les galets plus petits et plus nets que l’on retrouve au sud constituent un sol plus doux. Vous avez juste à marcher et parcourir nos rangs de vignes pour vous en rendre compte. Les terres ici ont rarement besoin d’être labourées. De plus le sol a une incroyable capacité de drainage même après les pluies importantes d’arrière saison. Les vignes sur ces terres nous donnent des vins élégants, vibrants et minéraux.
Bien que les Costières de Nîmes possèdent deux terroirs différents, ils ont en commun une caractéristique unique. La masse chaude formée par les galets renforce l’effet de convection la nuit. L’air frais venu de la mer qui traverse la Camargue rencontre la masse d’air chaud tout au long des Costières, créant une aspiration d’air. L’effet tempérant de ces brises renforce les amplitudes thermiques entre le jour et la nuit, ce qui est reconnu pour préserver la fraîcheur et la pureté du fruit des vins.
Vous pouvez aussi lire l’article de James Molesworth du 11 novembre posté sur son blog « Stirring the Lees » où il parle de sa visite et de son impression au sujet de quelques uns de nos 2010. 2011 -blog JM – Wine Spectator
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